Si la France a annoncé dernièrement ses grandes ambitions nucléaires via son projet de loi de souveraineté énergétique qui a fait débat en ce début d'année, l'Inde elle aussi table sur le nucléaire pour se doter d'une énergie plus propres d'ici 2040-2050
Objectif : passer de 7 480 MW à 22 480 MW en l'espace de dix ans
Soucieuse de réduire ses émissions de dioxyde de carbone tout en garantissant un approvisionnement énergétique stable et performant, l'Inde compte porter sa capacité de production d'énergie nucléaire à 22 480 mégawatts (MW) d'ici 2031, contre 7 480 MW actuellement. Pour atteindre cet objectif ambitieux, l'État indien prévoit notamment la mise en service d'un réacteur nucléaire par an.
Première étape : la construction de dix réacteurs de 700 MW
En 2017, l'Inde avait annoncé la création de dix nouveaux réacteurs nucléaires de 700 mégawatts chacun. Quatre ans plus tard, en début d'année 2021, le premier réacteur indien à eau lourde sous pression est finalement connecté au réseau électrique national dans la centrale de Kakrapar. Malgré quelques retards et obstacles qui ont différé de 18 mois la mise en service du site, il a fini par produire de l'électricité commerciale.
Adaptation et flexibilité : des réacteurs additionnels selon les besoins
Outre ces dix installations, l'entreprise publique Nuclear Power Corporation of India Limited (NPCIL) a également indiqué qu'elle serait en mesure d'ajouter à son parc des réacteurs de technologie éprouvée, affichant une capacité de 220 mégawatts électriques (MWe), selon les besoins du pays. Conçus en collaboration avec la Russie, ces équipements soulignent l'intérêt croissant de l'Inde pour les partenariats internationaux dans le domaine de l'énergie atomique.
Coopération franco-indienne : vers un projet de construction de six réacteurs EPR ?
Lors de l'édition précédente du Salon mondial du nucléaire, l'Inde et la France ont ouvert la voie à une collaboration renforcée dans ce secteur en signant un accord de coopération industrielle inédit. Un tel partenariat pourrait notamment se concrétiser par le lancement d'un vaste programme visant à construire pas moins de six réacteurs à eau pressurisée européens (EPR), projet qui fait l'objet de discussions entre les deux pays depuis une quinzaine d'années.
Le site de Kudankulam, fer de lance de l'énergie nucléaire indienne
A quelques jours seulement de cette annonce majeure pour l'avenir énergétique de l'Inde, un nouvel accord portant sur la construction de deux réacteurs supplémentaires sur le site de la centrale nucléaire de Kudankulam est également conclu. Ce locataire historique — au cœur des négociations entre l'Inde et la Russie depuis les années 1980 — marque incontestablement une première étape significative du déploiement de cette nouvelle capacité énergétique, qui devrait permettre à l'Inde de répondre aux attentes environnementales tout en assurant son développement économique.
Un défi de taille pour l'Inde
Toutefois, atteindre ces objectifs ambitieux ne sera pas sans difficulté pour l'Inde. En effet, le pays doit faire face à des défis politiques, environnementaux et sociaux importants. La construction de centrales nucléaires nécessite, par exemple, d'obtenir l'adhésion des populations locales et de s'assurer de leur sécurité. De plus, les questions de financement et de réglementation sont également au cœur des préoccupations, notamment en ce qui concerne le respect des normes internationales et des accords sur la non-prolifération nucléaire.
Pari réussi ? L'avenir nous le dira...
L'Inde est donc engagée dans une course contre la montre pour mettre en œuvre sa politique énergétique tout en veillant à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Le pari est loin d'être gagné, mais si l'Inde parvient à réaliser ses ambitions, elles marqueront une avancée majeure dans la lutte mondiale contre le changement climatique.